Photographier au flash
Le nombre-guide
Principe du flash électronique
Synchronisation
Flash avec computer
Open Flash
Cellule d'auto-déclenchement
Multi flash
Flash en extension
Flash au plafond
Flash avec diffuseur
Les yeux rouges
Le fill-in
Stroboscope
"Le flash permet, sous un volume réduit, d’accumuler une énergie importante qu’il peut libérer brutalement en un temps très bref mais à une puissance proche de celle du soleil. Le flash est un petit soleil de poche. La température de couleur de sa lumière est très voisine de la lumière du jour. C'est une petite merveille indispensable pour photographier quand la lumière ambiante qu'elle soit naturelle ou artificielle ne suffit pas."
B. Moreaux
Le nombre-guide
C’est la grandeur normalisée qui caractérise la puissance d’un flash. Le nombre-guide NG est toujours exprimé pour une sensibilité de 100 iso et une focale normale de 50 mm pour le format 24x36.
Les valeurs de nombre-guide
Elles sont en général de :
NG = 10 à 16 pour un appareil compact
NG = 10 à 12 pour le flash intégré d’un boitier reflex
NG =15 à 36 pour un flash cobra classique
NG = 20 à 50 pour un flash torche pro
NG = 40 à 60 et plus pour les flashs de studio
Calcul du diaphragme
NG = Dxf où D = distance flash-sujet et F = ouverture du diaphragme
Le diaphragme nécessaire à l’exposition correcte, à l’aide d’un flash de Ng=36, d’un sujet placé à 4 m sera :
36 = 4xf ou f = 36/4 = 9
Si on utilise le flash intégré de son boîtier reflex dont le nombre-guide est NG = 12 pour un sujet situé à 8 m, on obtient :
F = 12/8 = 1,5
L’objectif n’ouvrant qu’à 3,5, la photo sera sous-exposée et le témoin de flash dans le viseur, indiquera cette sous-exposition.
Calcul de la distance
D = NG/f = distance maximale d'éclairage correct du flash ou portée du flash.
Pour 100 iso au diaphragme f/8 D = 36/8 = 4,5 m
Si on veut augmenter la distance, il faut ouvrir le diaphragme. Il s'en suit une réduction de la profondeur de champ :
D = 36/3,6 =10 m
Au dos du flash, se trouve un calculateur permettant de trouver rapidement la distance en fonction du diaphragme et de la sensibilité.
Conversion du nombre-guide
Si la sensibilité du film est différente de 100 iso, le nouveau NG sera par exemple, pour un film de 200 iso :
Si on utilise deux flashs côte à côte pour augmenter la puissance, le NG de la somme est :
Flash avec réflecteur zoom
Les flashs récents possèdent un zoom qui adapte l'angle d'éclairage à l'angle de prise de vue. Le NG varie donc en fonction de cet angle qui concentre plus ou moins la lumière.
En pratique, sur le terrain, le flash s'adapte automatiquement à la focale montée sur le boîtier et la cellule TTL règle automatiquement la lumière qui éclaire le sujet afin d'exposer correctement le film. C'est le boîtier qui transmet au flash la sensibilité du film qu'il contient. Il n'y a donc plus rien à faire d'autre que de mettre le flash en route, faire la mise au point (autofocus) et à déclencher dès que le flash est chargé.
Il est cependant important de comprendre comment tout cela fonctionne. Car même les automatismes ne garantissent pas un résultat correct.
Exemples pour NG = 10
Au 24 mm le personnage est trop proche, le fond est hors de la portée maximale du flash. Le personnage sera "grillé" et le fond trop sombre.
Au 50 mm, personnage et fond sont au delà de la portée maxi. Ils seront sous-exposés.
Le principe du flash électronique
Schéma de principe du flash électronique
En simplifiant à l'extrême, le flash se compose d'un générateur électrique (piles, accus) (1) qui charge un condensateur (2). Quand celui-ci est plein, une diode (3) s'éclaire. Le flash est prêt. En déclenchant l'appareil, celui-ci ferme le contact (4). Le condensateur se décharge dans le tube à éclat (5) qui émet alors une violente mais brève lumière très proche de la lumière du jour.
Durée de l'éclair de flash
Les fabricants ont adopté une façon très flatteuse de mesurer la durée de l'éclair émis par le tube à éclat du flash.
(A) fermeture du contact (4)
(B) Puissance maxi délivrée par le condensateur (2)
(C) Pour ne pas vider complètement le condensateur, le contact est ouvert.
(D) Le tube continue à émettre un peu de lumière.
Quand on nous annonce une durée d'éclair de 1/1000 s, en réalité cet éclair dure beaucoup plus longtemps.
Si volontairement, on réduit la puissance délivrée par le condensateur dans le tube à éclat, la durée de l'éclair diminue mais aussi le nombre-guide.
Si l'on veut photographier un insecte en vol, il nous faut rechercher la plus grande vitesse d'éclair (1/3700 s). Pour obtenir l'insecte à l'échelle 1/1, il faut augmenter le tirage de l'objectif ce qui conduit à une perte de 2 diaphragmes. On est alors à 10 cm de l'insecte mais c'est comme si nous utilisions un film de 25 iso au lieu de 100 iso
Le NG devient :
Pour une distance de 0,1 m :
F=NG/D=3,5/0,1=35
L'objectif fermant à 22, il y aura assez de lumière et le système TTL assurera l'exposition.
Synchronisation
Voici comment fonctionne l'obturateur d'un reflex et comment l'éclair très bref du flash parvient au film.
Rideaux fermés. Le photographe déclenche. Le miroir s'éclipse. Le diaphragme se ferme à la valeur choisie.
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Le premier rideau descend et commence à découvrir le film en haut
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Le premier rideau est descendu. Le film est complètement découvert. Le flash éclaire le sujet. Le film est impressionné
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Le deuxième rideau descend peu avant la fin de l'éclair
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Le deuxième rideau est en bas. L'exposition est terminée
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Les deux rideaux remontent ensemble pour la photo suivant
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La vitesse de synchronisation est la vitesse la plus grande pour laquelle le film est totalement impressionné par l'éclair émis par le flash.
Suivant les bottiers, la vitesse de synchronisation peut être de :
Commercialement les fabricants augmentent artificiellement la vitesse de synchronisation en abaissant le second rideau avant la fin de l'éclair. La quantité de lumière reçue par le film s'en trouve réduite. La photo serait légèrement sous-exposée si un automatisme tricheur ne venait pas ouvrir le diaphragme à votre insu pour compenser cette sous expositions (astucieux!).
Pour un éclair dont la durée utile est de 1/150 s, on voit qu'une vitesse de synchronisation plus rapide referme le deuxième rideau avant la fin de l'éclair. Il y a une perte d'énergie compensée par une ouverture incognito du diaphragme.
Synchronisation 2ème rideau
Pour ce mode de synchronisation, il faut choisir une vitesse très faible (1/15 s par exemple). Un sujet se déplace dans l'image, peu avant la fermeture du 2ème rideau le flash envoie son éclair.
Synchro 1er rideau : vitesse lente 1/15s. Départ du flash dès l'ouverture totale de la fenêtre. Le sujet est exposé après l'éclair.
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Synchro 2ème rideau : vitesse lente de 1/15 s. Départ du flash juste avant la fermeture de la fenêtre par le deuxième rideau.
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Synchronisation haute vitesse (mode FP)
Pour gonfler encore les vitesses de synchronisation des fabricants ont trouvé une supercherie : l'éclair unique et puissant du flash est divisé en une multitude d'éclairs rachitiques (la puissance totale délivrée étant la même).
La quantité de lumière fournie est la même, mais la puissance est 5 fois plus faible en H.V. Le nombre guide devient très faible et la portée du flash devient ridicule à moins d'ouvrir le diaphragme mais c'est alors la profondeur de champ qui devient ridicule.
Dès 1930, étaient commercialisées des lampes flash à incandescence de fortes puissances dites "lampes à plateau" qui fournissaient un éclair durant plusieurs dixièmes de seconde, ce qui permettait une synchro flash à toutes les vitesses.
Flash avec computer
Il s'agit d'une cellule, placée sous le réflecteur, qui interrompt l'éclair dès que la lumière réfléchie par le sujet est suffisante à une exposition correcte du film. Ce système fonctionne pour un ou deux diaphragmes constants. Le boîtier est à régler sur la vitesse de synchronisation (ou plus faible) et sur le diaphragme indiqué par le flash. Exemple, pour 100 iso
Diaphragme f/5.6 portée maxi 5.5 m
Diaphragme f/2.8 portée maxi 11m
Ce système est d'une grande fiabilité et d'une grande précision.
Open Flash
Pour éclairer au flash l'intérieur d'une église par exemple, votre flash cobra sera impuissant à le faire en un seul éclair. Il faudra vous mettre en pose B, l'appareil sur pied, et faire le tour de l'église, flash à la main, en envoyant des éclairs successivement sur les murs, colonnes et voûte, de manière la plus homogène possible. Le flash à computer trouve ici une place privilégiée.
Il faut opérer de nuit, car la durée de la pose B va être très longue, (plusieurs minutes) et toute lumière permanente sera largement surexposée.
(1)(2)(3)(4) représentent les coups de flash éclairant les murs. (A), (B), (C), (D) donnent les positions d'éclairage de la voûte. Il faudra certainement au moins 2 éclairs de flash pour chacune de ces positions. Il faudrait donc 12 éclairs pour photographier l'intérieur de cette église.
On peut avoir des ambitions plus modestes et simplement photographier une pièce d'appartement avec deux ou trois éclairs.
Le photographe doit éviter de se placer entre l'objectif et la surface qu'il va éclairer.
Cellule d'auto-déclenchement
La cellule d'auto-déclenchement est un accessoire constitué d'une toute petite boite se fixant sur le sabot du flash et permettant à ce dernier d'être déclenché à distance par l'éclair d'un autre flash. Les flashs très évolués sont déjà équipés de cette cellule auto-déclencheuse. A l'aide du flash intégré à l'appareil, dit "flash maitre", il est donc possible de faire déclencher autant de flashs "esclave" que l'on veut. Cela remplace l'open flash dans les cas simples.
Multi-flash
Utiliser plusieurs flash pour éclairer un même sujet revient très vite à se constituer un mini studio. C'est très attrayant mais les problèmes sont nombreux et parfois insolvables.
- Les cellules d'auto-déclenchement sont d'une grande fiabilité mais il n'est guère possible de maîtriser le dosage de la lumière.
- On peut relier les flashs par des câbles et travailler en TTL. Cela fonctionne très bien avec le flash intégré et un flash en extension, mais si on passe à trois flashs, l'automatisme cafouille lamentablement.
- L'automatisme sans cordon améliore beaucoup la situation en vous évitant de vous prendre les pieds dans les câbles mais au niveau de l'exposition, c'est tout aussi aléatoire.
- Il reste la bonne vieille méthode qui fait appel au flashmètre utilisé avec plusieurs flashs équipés de cellules d'auto-déclenchement. Le petit flash intégré servant de flash "maître". Dans le positionnement des flashs, il faut connaître deux règles : celle de de la distance et celle des angles.
Règle de la distance :
Quand on double la distance flash – sujet, il faut ouvrir le diaphragme de deux valeurs entières.
Règle des angles d'éclairage :
Flash en extension
Cette technique élémentaire permet d'améliorer grandement le rendu des photos au flash. Il suffit de relier le flash au boîtier par l'intermédiaire d'un cordon de liaison électrique de la marque.
On peut ainsi éloigner le flash et créer un éclairage oblique moins plat que celui du flash sur le boîtier. Un réflecteur blanc (carton, polystyrène) permet d'atténuer les ombres.
Flash au plafond
Dans une pièce d'habitation au plafond blanc, il est possible de créer un éclairage plus doux et moins plat que celui du flash monté sur la griffe du boîtier.
- Avec un flash en extension, il suffit de diriger ce dernier au plafond.
- Avec un flash cobra, orienter la tête à 45°
- Avec un flash non orientable, il faut placer un réflecteur devant la fenêtre. Ce réflecteur peut être un petit carton blanc ou mieux un carton sur lequel on a collé un papier d'aluminium.
Dans tous les cas, la distance flash-sujet est devenue flash-plafond + plafond – sujet.
Flash avec diffuseur
Pour adoucir la lumière trop dure du flash, il suffit de placer devant la fenêtre un linge blanc, du papier calque… Certains flashs sont vendus avec leur propre diffuseur. Plusieurs marques accessoires photo commercialisent une sorte de ballon gonflable à placer devant la fenêtre et qui jour le rôle d'un vaste réflecteur diffuseur qui transforme le flash en une mini boite à lumière.
Les yeux rouges
Les fameuses taches rouges qui font passer les personnages pour des lapins russes ne sont que "la lueur pupillaire" des yeux. En éclairant le fond de l'œil, le flash dévoile la coloration rouge de la rétine, zone fortement irriguée par de très nombreux vaisseaux sanguins.
Donc plus la pupille est dilatée, plus le phénomène des yeux rouges se manifeste. C'est précisément dans l'obscurité où le flash est indispensable que la pupille est la plus dilatée.
Si l'angle alpha est faible, inférieur à 2,5 ° le phénomène se produit. Si l'angle dépasse 2,5 ° , le flash éclaire une zone du fond de l'œil qui n'est pas vue par l'objectif. Le phénomène n'a donc pas lieu.
Pour éviter à coup sûr de faire des photos d'albinos, placer le flash à 15 cm au moins de l'objectif.
Les dispositifs "anti-yeux-rouges" des appareils compacts et des flashs intégrés des reflex utilisent un artifice (un de plus). Ils contraignent le sujet à fermer les pupilles en envoyant un ou plusieurs pré-éclairs. L'efficacité n'est pas totale et les pré-éclairs consomment une énergie dont on ne dispose plus pour l'éclair principal.
Le fill-in
Le recours au fill-in est recommandé à chaque fois que, travaillant sous un éclairage naturel on constate que le sujet principal situé au premier plan est moins éclairé que le fond ou comporte des ombres très marquées.
A noter : si vous préférez le format vidéo, vous trouverez sur la chaîne YouTube de Photophiles un cours sur le fill-in:
C'est le cas de :
- personnage en contre-jour
- de personne portant un chapeau en plein soleil
- de personne en sous-bois (taches de lumière)..
Cette technique consiste à envoyer un éclair de flash juste suffisant pour déboucher les ombres. Elle n'est efficace que pour un sujet très proche (puissance limitée du flash).
Appareil évolué en mode programme
Les appareils récents en mode programme se débrouillent tout seul. Il suffit de sortir le flash intégré ou de mettre sous-tension le flash extérieur et de laisser faire.
Pour être certain que l'automatisme remplit bien son rôle, vérifiez que sans flash, il indique par exemple 1/500 s à f/5,6 et qu'avec flash il passe, suivant la vitesse de synchro à 1/60 s à f/16 ou 1/125 s à f/11 ou 1/250 s à f/8.
Appareil évolué en manuel
Il suffit en principe d'afficher la vitesse de synchro, le diaphragme s'ajuste automatiquement. Si votre flash est TTL, la cellule du boitier interrompra l'éclair dès que l'exposition du plus proche premier plan sera correcte.
Si l'on dispose d'un flash à plusieurs puissances (1/1, ½, ¼) on peut en fonction de la distance flash-sujet choisir la puissance nécessaire.
Pour un équilibre plus naturel
Les techniques décrites ici égalisent parfaitement la lumière et donnent un résultat souvent trop plat. Pour un rendu plus naturel, il est souhaitable de sous exposer légèrement le premier plan sans modifier le fond.
Pour cela, trois méthodes :
- système très évolué autorisant le réglage de l'écart entre éclair et lumière du jour. Il suffit d'afficher une correction de –1/2 diaphragme
- en manuel, affichez la vitesse de synchro et diaphragme pour une exposition correcte du fond. Mettre le flash en TTL et placer le correcteur d'exposition du boitier sur –1/2. Le système TTL tiendra compte de cette sous exposition mais le rendu du fond ne sera pas altéré.
Et, pour être honnête, il faut dire qu'à la seule lumière solaire, avec un réflecteur tenu par un assistant, on peut facilement déboucher les ombres disgracieuses et contrôler sur le vif l'effet produit. Le résultat est alors sans surprise et les réglages d'une extrême simplicité. Sachant cela, peut être ferez-vous à l'achat une économie substantielle en n'optant pas pour un boîtier dit "très évolué".
Stroboscope
Les flashs évolués comportent un dispositif permettant d'émettre non pas un éclair, mais plusieurs dont on peut régler :
- la puissance: 1/8 1/16 /1/32
- le nombre d'éclairs : de 2 à 10
- la fréquence ou nombre d'éclairs par seconde : de 2 à 20
Pour profiter de cette possibilité, il faut bien sur adopter un temps de pose de 1 seconde, l'appareil étant sur pied.
Vous pouvez grâce à cela décomposer le mouvement d'un sujet tel que :
- une danseuse
- un animal bondissant de son gîte
- une machine en mouvement…
La pose étant d'une seconde et la puissance de l'éclair réduite, il faudra travailler dans la pénombre, sur fond noir ou mieux dans l'obscurité pour qu'aucune lumière ne vienne altérer la succession des images stroboscopiques.
En savoir plus sur l'auteur
Bernard Moreaux est président du club Forum Photo à Bassens (à proximité de Chambéry en Savoie). Passionné par la photographie, il s'est spécialisé en particulier dans la photographie animalière et la macro-photographie. Si vous souhaitez le contacter, n'hésitez pas à nous envoyer un mail sur